Dernier portrait des métiers de l’ombre aujourd’hui avec celui qui n’a pas la langue dans sa poche, le presque sulfureux Nakredor ! Blottissez-vous sous un plaid et réchauffez-vous avec son expérience du métier !

Salut ! Pourrais-tu rapidement te présenter et nous dire le métier que tu exerces actuellement ?

Bonjour, je m’appelle Thomas alias Nakredor et je suis majoritairement réalisateur chez O’Gaming, mais cela peut changer en fonction des projets.

Quel a été ton parcours, que faisais-tu avant de basculer dans l’esport ?

J’ai passé un Bac L option Cinéma/Audiovisuel, j’ai ensuite fait quelques courts-métrages et je travaillais à la caisse d’un cinéma. J’ai monté mon entreprise de production vidéo en 2011 et je l’ai clôturé en 2015. Je faisais des clips et des reportages.

J’ai travaillé pour Mixicom où je m’occupais du montage de certaines vidéos de la chaîne Cyprien Gaming. Puis en 2016, j’ai été recruté par Eclypsia avant de rejoindre O’Gaming en 2018.

Qu’est-ce qui t’a motivé pour te lancer dans ce job ?

Pour être franc, je ne rêvais pas de travailler dans l’esport à la base. Ca me plaisait de regarder du SC2 et du LoL, et j’étais admiratif de ce qu’O’Gaming était capable de faire avec peu de moyens, mais moi je voulais réaliser des films.

Comme je ne me plaisais pas dans des petits boulots et que je n’arrivais pas à concrétiser des courts-métrages satisfaisants, je me suis dit que j’allais mettre les projets personnels de côté et commencer à travailler à la commande. Un de mes amis d’enfance, CodJordan23, m’a demandé de faire sa vidéo pour ses 3000 abonnés sur Youtube et c’était parti. Je me lançais dans le gaming en regardant de l’esport à côté. C’est là que j’ai commencé à penser que j’aimerais bien rejoindre OG.

© O’Gaming

En quoi consiste la routine d’une soirée de prod dans les grandes lignes ?

Pour l’Overwatch League par exemple, on arrive 2h avant la prise de live. On arrive, on allume le plateau, les pc, la régie. On vérifie que tout fonctionne bien, qu’on reçoit bien les cleanfeed de Blizzard, que les micros fonctionnent, que les caméras sont bien réglées, on ajuste les lumières. On suit le brief du liveprod (Maxime/Haz) avec les casters et après on part en live.

Mon travail de réalisateur, c’est de suivre l’action. J’ai le liveprod qui est en contact direct avec la production américaine, il a le déroulé du show sous les yeux et il me dicte en avance ce qu’il va se passer. À ce moment-là j’appuie sur les bons boutons au bon moment sur la console. Il synchronise aussi les casters et les analystes. C’est notre chef d’orchestre.

Ton aspect préféré et ton aspect le moins appréciable de ton métier ?

Pour rester sur l’exemple de l’Overwatch League, déjà c’est un plaisir d’être sur un show de avec ce niveau de qualité. J’aime beaucoup le rythme de l’introduction à la première map. Le storytelling qu’ils mettent en place. De notre côté, ce qui me plait le plus ce sont les plateaux d’analyse, j’essaie de capter ce qu’ils se passe entre les 3 commentateurs et j’essaie de mettre les bons plans au bon moment, de preshot à qui le présentateur va donner la parole pour changer la caméra au bon moment. Concrètement j’essaie de faire en sorte que ça soit fluide et que vous profitiez du spectacle dans les meilleures conditions. J’aime beaucoup troller gentiment aussi comme faire des split-screens gênants ou mettre Rivenzi hors cadre, c’est un réel plaisir.

Le moins appréciable durant la saison 2019 c’était les horaires de nuit, vraiment difficile à encaisser sur la durée. Je dirais aussi que les shows sont beaucoup trop longs, mais ce n’est pas une critique qui s’applique seulement à l’Overwatch League, c’est une critique que je fais sur tout l’esport en général. Travailler avec Albless aussi.

Comment interagis-tu avec les autres métiers présents lors d’une soirée de live ?

Je fais les derniers tests avec les casters environ 15min avant la prise de live. Je règle l’oreillette du présentateur, le volume des différentes sources qu’il entend dedans, comme le liveprod, le retour de sa voix, celles de ses collègues, le son du jeu. Je fais la même chose avec les casters et leurs casques. Ils s’installent ensuite à leurs positions et là je règle les lumières et les caméras sur eux.

Pendant le show, je ne suis pas en contact avec eux. C’est le liveprod à mes côtés qui leur donne les informations dont ils ont besoin et quand ils doivent lancer une pause, ou envoyer aux casters par exemple.

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Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer sur ce métier (habitudes, compétences, formation) ?

Il faut être curieux et s’intéresser à plein de domaines différents : l’informatique, l’image, le son, le réseau, la lumière, la diffusion et les fonctionnalités de Twitch. 
Ce que je conseillerais comme études, c’est déjà de prendre l’option cinéma/audiovisuel dès la seconde au lycée. Puis ensuite de se diriger vers un cursus assez généraliste dans l’audiovisuel, comme un BTS par exemple. Je ne connais plus très bien ce qui existe aujourd’hui. Sur l’Overwatch League on est un peu one man army, mais il y a tout un tas d’employés derrière qui ont fait en sorte de monter le plateau, ériger les lumières sur la structure, brancher tout le circuit son, mapper les caméras dans la console régie. Je ne pourrais pas le faire tout seul. Et tous ces gens sont des experts dans leurs domaines. Donc il y a plein de spécialisations dans l’audiovisuel vers lesquelles se diriger qui seront prisées par les productions esport. Ingénieur du son, régisseur lumière, truquiste, assistant plateau, cadreur, opérateur steadycam et grue et encore je ne cite que les plus évidents.

Et ensuite, si c’est vraiment dans l’esport que vous voulez travailler : intégrez des associations, faites du bénévolat, allez aider sur des scènes ou des streams de petites LAN. Plantez-vous quand il n’y a pas beaucoup de viewers, à force d’erreurs vous finirez par devenir bons.

Passons à Overwatch, qu’est-ce qui t’attire dans le jeu ?

Je n’y joue plus beaucoup pour être honnête, j’y ai pas mal joué à la sortie. J’ai repris quand j’ai commencé la saison 2019 d’OWL. Par contre suivre la compétition m’a plu. J’aime l’aspect stratégique qui est un peu différent, le fait qu’un match se joue sur plusieurs maps avec différents objectifs, les changements de rosters que les équipes peuvent faire en fonction de tel ou tel type de map.

Y a-t-il un personnage que tu affectionnes particulièrement et pourquoi ?

Main Reinhardt, j’adore le fait d’être un bouclier humain pour mes coéquipiers et de pouvoir leur donner un setup parfait avec des bonnes charges ou un bon ultime. ^^

Reinhardt, par Billy Christian sur ArtStation

Ton équipe favorite ? Ton joueur chouchou ?

Franchement je dirais Paris Eternal évidemment, mais je vais pas vous cacher que j’ai bien cheer pour les Shanghai Dragons toute la saison 2. Ils m’ont donné tout un tas d’émotions durant la saison c’était vraiment cool.

Où peut-on te suivre sur les internets ?

Sur Twitter @thomas_nakredor je retweet majoritairement des conneries et les projets sur lesquels je travaille chez O’Gaming.

Un petit mot pour la fin ?

Merci d’avoir été jusqu’au bout de mon pavé 😀 J’espère qu’on se retrouvera pour la saison 2020 !

Un grand merci à Nakredor pour son franc-parler et son humour caustique (coucou Albless et Rivenzi) ! Merci également à toutes et tous d’avoir suivi ce trio de portraits, en espérant qu’ils vous aient éclairés sur des métiers moins connus. Passez une bonne fin d’hiver et bonne reprise d’Overwatch League en Février !

Merci ! © O’Gaming