Lundi soir, coach Féfé et Albless ont lancé un live Twitch dans le but de répondre à toutes vos questions au sujet de l’équipe parisienne. Le Frenchimari a fait chauffer ses tentacules pour vous faire un récap des points importants évoqués dans ce live, classés par thème.


La Meta

Une future méta orientée DPS serait-elle favorable pour Paris Eternal ?

“L’équipe de base est créée avec une identité orientée DPS, de par le champion pool de ses joueurs. Lors du stage 2, le pari a été pris de les mettre à contribution. Pari pris également en stage 3 par de nombreuses équipes, et qui a fonctionné. Si la 2-2-2 avec le role lock voit le jour, le niveau en OWL va augmenter, porté par les coréens qui sont très bons. La méta tank a permis à pas mal de joueurs de se discipliner en tant qu’équipe. On a des talents individuels qui je l’espère vont fit avec une stratégie collective et donner quelque chose d’intéressant. On a un calendrier assez lourd là à venir.”

Mc Cree aura-il sa place dans une prochaine méta ?

“Il pourrait dans certaines compositions, de type semi-bunker pour contrer les compositions dive. Si Brigitte n’est pas jouée, Tracer peut revenir je pense et on a de très bons joueurs de Tracer en OWL.”

La décision du role lock 2-2-2 va-t-elle brider ton travail de coach à ton avis ?

“Je suis d’avis que ça va  le cadrer, sans empêcher d’avoir une méta dominante. Ça va juste permettre d’avoir différentes métas, 2-3 compos différentes. Jouer une composition et l’adapter un minima est bien mieux que de jouer plein de compositions.”

Quel est ton avis sur la composition Clockwork Vendetta ?

“La composition est viable face aux tanks, à voir maintenant contre une composition Orisa avec plus de poke qui permettra de détruire le bouclier plus vite, à base de snipers  par exemple. Une fois le bouclier brisé, Mei et Torbjörn ne peuvent pas grand chose.”


Management de l’équipe

Comment gérez-vous le fait que vos joueurs se fassent insulter sur les réseaux sociaux ? Sont-ils encadrés de ce côté-là ?

“Dans l’esport, la relation entre le supporter et le joueur est digitalisée, elle est ainsi plus directe que dans le sport traditionnel. Cela entraîne de bonnes choses comme les messages de soutien mais aussi de moins bonnes choses à l’image des critiques qui peuvent affecter le jeu des joueur et impacter leur vision sur ce qu’il va se passer après. On ne va pas jusqu’à limiter leurs réseaux. Je leur dis simplement de ne pas trop s’attarder dessus quand on gagne comme quand on perd. Certains joueurs vont être plus affectés que d’autres, selon leur niveau d’expérience dans la relation joueur/supporter.”

Quelle gestion pour les têtes d’affiches lorsqu’elles sont sur le banc ?

“C’est vrai que sur ce stage on a des joueurs stars comme SoOn et ShaDowBurn qui n’ont pas joué. Ici tout se joue au niveau de la communication : un joueur peut comprendre cette décision, et tant qu’on lui donne des objectifs pour la suite, il peut être capable de prendre du recul sur cette dernière. Si le choix est logique, argumenté, que le coach est transparent avec le joueur, qu’il arrive à lui faire comprendre les raisons pour lesquelles il a fait ce choix là, et si le joueur est intelligent et est là pour le bien de l’équipe, alors ça va très bien se passer.”

Est-ce que tu t’occupes du mental de l’équipe ? Si oui, comment comptes-tu l’améliorer ?

“Le travail de préparateur mental se fait en sous-jacent, il y a un côté psychologique où le joueur se livre. C’est donc plus compliqué pour ces joueurs de faire part de leurs faiblesses car ils se disent que ça peut impacter les décisions prises à leur égard. Donc là je suis un peu moins dans ce rôle au niveau de mes speechs, des entraînements, je cherche plutôt à trouver des mécanismes subconscients qui dans les moments difficiles peuvent leur permettre de rebondir. En tout cas on sent qu’au fil des stages il y a du positif au niveau du mental. Evidemment c’est quelque chose qui prend du temps à se développer, les joueurs ont besoin d’engranger de l’expérience.”

Quel est le rôle du coaching staff OWL ?

“Les gens pensent que le coaching staff c’est 90% du travail. Pour moi le coaching staff est le support de l’équipe, il aide. Il va chercher du potentiel, l’amener au plus proche des 100%. Si le collectif est à 50%, il va chercher à le faire aller à 100%. C’est là qu’il a le plus d’impact à ce moment-là, je pense. Il est surestimé, les gens pensent qu’ils vont carry mais ils sont simplement un soutien, ce sont les joueurs qui carry. Counter-Strike n’a jamais encensé les coachs ni trashé d’ailleurs comme KyKy a pu l’être.”


Quelle est la différence entre l’assistant coach et le head coach ?

“Le head coach axe son travail sur la philosophie de jeu, de travail, le côté humain. Il fait en sorte que tout le monde aille dans la même direction. L’assistant coach a plus des tâches précises. KyKy m’aide sur le travail individuel, le scouting des équipes adverses, et il book aussi les scrims. Seita a plus un profil analytique, il m’aide sur les stratégies. Par exemple dans les débuts d’Eagle j’étais au départ très orienté stratégie puis je suis devenu au fil du temps un coach plus humain, mon but étant de maintenir le collectif dans la même direction et de le faire synergiser.”

Quelles différences entre gérer des jeunes joueurs OWL et des jeunes basketteurs ?

“Ce qui différencie les deux est la précarité de l’esport, qui est une discipline nouvelle. Certains joueurs n’ont pas bénéficié d’encadrement avant d’arriver ici (joueurs sans coachs, sans organisation…). Ils arrivent alors dans un cadre où on décide à leur place, où ils doivent fit. Avant tout, il faut leur apprendre le côté humain avant leur rôle de joueur, il faut qu’ils grandissent. J’ai beaucoup appris sur Overwatch, le passage sport traditionnel/esport était un challenge pour moi.”

Quelle gestion des repas pour l’équipe ?

“On a un traiteur actuellement. Avant on avait Lise, d’ailleurs big up à elle, gros talent culinaire, elle préparait de bons plats bien équilibrés. On fait des team dinner où on mange au restaurant. On essaye d’avoir une alimentation la plus saine possible.”

Féfé, que dis-tu pendant les victoires et les défaites ?

“Lorsque l’on gagne je leur dis de ne pas s’enflammer, de rester concentré, d’utiliser ce momentum pour continuer à mettre la pression sur l’adversaire, et ne pas se relâcher. Mes joueurs contre Boston Uprising se sont justement crispés.

Quand on perd, soit on doit se réveiller soit l’équipe fait quelque chose de différent et là on parle stratégie, focus sur le fight d’après, pour être opérationnel dès la map suivante. Il faut que je choisisse mes mots avec attention, je n’ai pas beaucoup de temps.”

Faites-vous des ateliers pour entraîner des aspects particuliers chez les joueurs ?

“Il n’y a pas assez de workshop pour faire des ateliers pour tous les rôles mais un jour on est certain que l’on pourra organiser des sessions d’une heure où chacun pourra bosser un aspect mécanique, comme dans le sport.”

Que penses-tu de la possibilité pour le coach de parler à ses joueurs pendant les parties ?

“En Contenders on peut parler entre sides alors qu’en OWL on ne peut parler qu’entre les maps. Ça me plait moins parce que j’aime cadrer, pouvoir intervenir entre chaque side. Ça me manque un peu là où dans le sport traditionnel tu peux crier du bord du terrain. C’est une façon de travailler totalement différente. Après si on ajoutait le coach dans la communication d’équipe, il finirait par devenir shotcaller (ultimes, plans de jeu). Il y a quand même un côté intéressant de laisser les joueurs en autonomie où les qualités humaines sont plus valorisées.”

Peux-tu nous en dire plus sur le recrutement d’Albless ?

“Il a été approché et a tout donné dans le processus de recrutement. Il a de l’expérience dans la gestion d’événements sur d’autres titres, aussi bien en tant que coach ou manager. Vous le connaissez peut être seulement en tant qu’ex-caster, mais Alban a été bien plus. Il a organisé des événements sur Counter Strike, League of Legend. Il avait le rôle de team manager où il gérait des équipes internationales.”

La reconstruction d’Eternal Academy a-t-elle commencé ?

“À  ma connaissance, aucune décision n’a été prise encore, tout se passe en interne. À mon avis il y a une réelle volonté de la part de Paris d’avoir une équipe académique, d’avoir une équipe A et un centre de formation. On aura probablement des réponses à la fin de la saison.”


L’Overwatch League


Comment avez-vous géré la remontada face à Boston Uprising ?

“C’est toujours très dur, on a l’impression de perdre contre soi même. On sort notre meilleur jeu puis sur Eichenwalde on était à 2 secondes de gagner. Il y a eu un hold infini, une grosse tension. C’est un sprint marathon avec 2 matchs par semaine, il faut donc rebondir rapidement. J’ai envoyé un message aux joueurs pour les remotiver. Surtout il ne faut pas tout remettre en question, tout détruire ce qui a été fait en amont. Ce qu’il s’est passé, c’est qu’on a juste arrêté de jouer ensemble, de peel les uns pour les autres. On a voulu gagner trop rapidement, au lieu de jouer sereinement notre jeu. Après ce discours, la journée d’entraînement s’est bien passée. Dans une méta tank, tout se joue sur des détails, des timings d’ultimes, d’utilisation de ressources. Si on a la discipline et qu’on respecte le cadre que l’on s’est donné, il suffit juste de bien gérer ces détails. Par contre si on s’en éloigne trop, on va juste perdre. Et c’est ce qu’il s’est passé.”

Quels sont vos projets pour les prochaines semaines ?

“On va commit avec ce collectif, aller chercher ce potentiel, et aller le plus loin possible. On va chercher à construire ce collectif plutôt que de trouver des joueurs qui pourraient fit. Ça, ça serait plutôt la saison prochaine si on décide de faire des changements.”

Avez-vous prévu de souffler un peu les prochains jours ?

“Le repos fait partie de l’entraînement. Il faut être en tant que coach les garde-fous des joueurs en les forçant parfois à se reposer. La fatigue mentale est source de burnout.”

Un petit commentaire sur Kruise

“Kruise a le plus évolué en termes de leadership entre le stage 1 et le stage 3. Il a totalement adopté la philosophie qu’on a implémenté dans l’équipe, il a commit dedans. Cela impacte à fond l’équipe. Pour faire la comparaison avec le sport, c’est un peu le meneur de jeu du basket.”

Comment peux-tu expliquer débuter chaque stage sur les chapeaux de roues puis que tout s’écroule ensuite ?

“Sur les stages 1 et 2, on était trop sur le momentum à être affecté bien trop par les défaites et les victoires. On a travaillé dessus, et sur ce stage on était déjà plus réguliers. Le niveau des adversaires est monté aussi. La régularité vient avec la discipline en jeu et hors jeu.” 

Quelle team est votre fléau en scrims ?

“Spark, meilleure équipe en scrims, même s’ils peuvent choke en officiel. C’est le reflet d’une préparation, mais les officiels ne font pas tout.”

Avez-vous cherché à recruter après le départ de daemoN ?

“Après son départ on avait un nouveau fonctionnement de staff où on voulait déterminer nos besoins avant, comment se répartir le travail à 3. A-t-on besoin d’un profil analyste axé statistiques, travail individuel ou encore plutôt sur l’humain ? Nous sommes en train d’évaluer cela. Avec les délais de recrutement il aurait fallu le faire dans l’urgence et ça n’aurait pas été optimal (#OptimAlbless). On verra l’an prochain. C’est dans nos plans en tout cas, on fait partie des staffs les plus petits de l’OWL actuellement.”

Drew McCourt est-il présent pour l’équipe ?

“Il suit l’équipe au quotidien, on a un contact régulier avec lui. Il apporte évidemment un énorme soutien financier.”

Comment vous organisez-vous pour les trials de la coupe du monde ?

“Certains joueurs ne sont pas dans tous les blocs de practice donc c’est plus simple pour eux, comme HyP. Pour BenBest c’est déjà plus compliqué, les trials interviennent soit pendant son jour de repos, ou soit avant l’entraînement. C’est compliqué mais on réussit à s’organiser.”

Que pensez-vous de l’arrivée du mode replay ?

“Cela facilite notre travail. Après les VOD que l’on fait nous-même sont plus orientées troisième personne afin de voir le positionnement des joueurs etc. Cette feature est cependant particulièrement intéressante pour le scouting.”

Si tu voulais revivre un moment, et en changer l’issue d’un autre, que ferais-tu ?

“Revivre un moment : les demies finales Contenders Europe Gigantti contre Eagle Gaming.

Changer un score : le dernier match contre Boston Uprising.”

Il y a-t-il une différence entre coacher une équipe entièrement française et une équipe européenne ?

“La différence principale est le coaching militaire des équipes françaises avec qui tu n’as pas besoin de prendre des pincettes, tu peux faire des remarques directes. Les européens ne sont pas du tout habitués à ça. Nous les français sommes plutôt revanchards, on veut te montrer que tu as tort. Un européen en comparaison va perdre confiance en lui en prenant tes mots à la lettre.”

Est-ce intéressant  d’avoir 12 joueurs pour s’entraîner en interne ?

“C’est l’enfer. Oui, ça peut être intéressant mais les problèmes humains engendrés par le fait d’avoir 6 joueurs remplaçants ne sont vraiment pas bons. Il y a des tensions, frustrations. Jusqu’ici les sister teams n’ont pas prouvé leur valeur sur le jeu. La gestion des remplaçants est compliquée, comme le staff s’investit aussi moins en eux.”


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